Un fonds d’archives d’une entreprise pas comme les autres : le fonds d’Ardelaine.

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L’entreprise Ardelaine est l’héritière d’un patrimoine préindustriel. Des moulins existaient sur le site, au bord de la Veyruègne dès le XVe siècle. La filature de laine de Saint-Pierreville est construite en 1845 contre le bâtiment d’un moulin du XVIIIe siècle. Ces deux établissements dépendaient de l’énergie hydraulique et n’ont pas survécu au développement industriel de l’après-guerre. Le bâtiment et les canaux se sont dégradés, la toiture s’est effondrée en 1970. C’est ainsi qu’en 1975, cinq amis décident de redonner vie à la dernière filature de laine de l’Ardèche. Ils font alors le pari de recréer une filière laine locale. En 1982, la SCOP Ardelaine est créée, l’idée n’étant pas de faire une filature de laine comme autrefois, ni un musée. La priorité est donnée à la création d’emplois par la restructuration d’une filière laine locale en circuit court - de la tonte à la commercialisation - tout en privilégiant des procédés écologiques.

La tonte est la première activité exercée. Une fois les premiers produits fabriqués (des matelas notamment), les premiers clients sont trouvés sur les marchés de proximité. À côté des matelas, toute une gamme de produits de literie est développée et un atelier de tricotage et de confection de vêtements est installé à Valence. Un espace de vente est ouvert sur place à Saint-Pierreville. Les produits d’Ardelaine dépassent aussi le cadre local et s’exportent sur les foires « bio » qui se développent dans toute l’Europe. Les résultats sont positifs mais l’équipe s’interroge sur leur cohérence. Si le but est le développement local, le développement de l’export est contradictoire. Ardelaine décide donc de diversifier ses activités vers la culture et le tourisme afin de faire venir à Saint-Pierreville des visiteurs et potentiels clients. Ainsi, dans les années 1990 et 2000, deux parcours muséographiques sont mis en place. Une nouvelle impulsion est donnée à la fin des années 2000 avec l’aménagement d’espaces d’accueil, café-librairie et espace pédagogique. En lien avec l’association Bergerades, Ardelaine investit ensuite dans la création d’un restaurant et d’un atelier de transformation. 

À la veille de fêter ses 40 ans, Ardelaine est un devenu un pôle d’activités multiples : production, commerce, services, activités culturelles et pédagogiques …

Le fonds d’archives d’Ardelaine est le témoignage de cette histoire. Il permet de retracer les grandes étapes de l’épopée de cette entreprise emblématique. Constitué de documents administratifs et financiers mais aussi publicitaires et audiovisuels, ce fonds désormais accessible au public est une source remarquable pour qui s’intéresse au développement local et à l’économie sociale et solidaire.

Sources :

BARRAS, Béatrice, Moutons rebelles. Ardelaine, la fibre développement local. Vers une coopérative de territoire, Valence, éditions Repas, 2014.

BARRAS, Béatrice, De la filature à la SCOP Ardelaine : un patrimoine du futur, dans Des hommes, des femmes, des usines. Regard(s) sur l’industrie en Ardèche, collection Ardèche patrimoine, Archives départementales de l’Ardèche, 2021.