Pont suspendu en fil de fer de Ruoms
Lors de la Grande collecte 14-18 organisée en novembre 2013, la famille Corréard a prêté un ensemble de documents iconographiques sur la Grande Guerre. Il y avait également un album de photographies contenant des paysages ardéchois. Le photographe des Archives a tout de suite remarqué ce cliché représentant le pont suspendu sur l’Ardèche entre Ruoms et Labeaume. Ce pont utilisant les techniques de Marc Seguin fut construit en 1833. Cette photographie est inédite car à ce jour il n’existe ni carte postale ni photographie du vieux pont suspendu. La date de la prise de vue est inconnue, mais antérieure à 1899, date de sa destruction.
Sous la cote 2 S 174 les Archives départementales conservent le dossier de construction de ce pont, le 4ème sur l’Ardèche après ceux de Labégude, de Ville à Aubenas et de Voguë. Dans les procès-verbaux de visite annuelle il est décrit ainsi : une seule travée de 80 mètres de long et de 4,40 m. de large dont 2,50 m. de voie et 1,90 m. de trottoirs. Les câbles de suspension au nombre de 8 ont 240 fils chacun. Le tablier et le garde-corps sont en bois. Ce pont a été concédé par une ordonnance royale du 11 juillet 1833 pour une durée de 70 ans à partir de 1838. Cette ordonnance liste tous les droits de passage qui seront perçus par l’adjudicataire, depuis 5 centimes pour une personne à 2,55 francs pour une charrette chargée et attelée à 6 chevaux.
En 1871, Puaux, le concessionnaire, interpelle le Préfet sur le fait que les conditions de roulage ont considérablement changé en 30 ans et que les charrettes portant plus de 200 quintaux empruntent fréquemment le pont, compromettant la sécurité de l’édifice. Dans un courrier du 9 avril 1882, ce sont Mercier et Prat, carriers à Ruoms, qui expliquent longuement au Préfet que, depuis l’ouverture du chemin de fer, l’exploitation des carrières de marbre « a pris une extension si considérable que 300 ouvriers y sont employés ». Des blocs de « fortes dimensions » sont demandés dans toute la France mais le pont en fil de fer « oppose un obstacle insurmontable » à leur passage car le poids dépasserait ce que le pont peut supporter ; et de rappeler que la prospérité des carrières est donc intimement liée à la construction d’un pont en pierre en remplacement du vieux pont. Dans sa session d’avril le Conseil général reconnait les avantages de ce remplacement mais regrette que les ressources du Département ne permettent pas d’en assurer le rachat.
Le vieux pont ne sera détruit qu’entre 1899 et 1901 et remplacé par l’actuel pont en pierre.