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À la fin du XIX^e siècle, une crise touchant le milieu de la soie entraîne quelques conversions d’entrepreneurs essentiellement privadois vers la châtaigne et en 1882 est fondée la Société Anonyme des Marrons Glacés de l’Ardèche et des Produits aux Sels de Vals. Les produits manufacturés à base de châtaigne s’imposent rapidement comme un élément phare de l’agro-alimentaire local. Le 2 novembre 1888, Clément Faugier, « négociant » dépose auprès du Tribunal de commerce une première marque de fabrique « consistant en un dessin aux armes de la ville de Privas et portant le titre « Marrons glacés de l’Ardèche » ». Le même jour, il dépose une seconde marque, celle des « Marrons confits de l’Ardèche ». Quelques années plus tard, c’est le voultain Bertrand qui dépose les marques « Marrons glacés extrafins du Vivarais » avec les armoiries du département. Plus au sud, en 1905, Charles Ribeyre, de Vals-les-Bains, dépose quant à lui sous le titre général « Confiserie universelle » des marrons glacés et des bonbons de Vals « Le délicieux », ainsi que des truffes. L’année suivante, Mme Simond, de Chomérac, adopte quant à elle la marque « Marrons glacés du Mont-Blanc ». C’est en cette année 1906 également que Clément Faugier dépose la célèbre « Crème de marrons Faugier, Privas ».

Le début du XX^e siècle est pourtant celui de la remise en question. En 1904, une enquête est lancée par la préfecture pour déterminer l’ampleur de la « maladie de l’encre » sur les exploitations de châtaigniers. En 1918, elle est relancée auprès de l’ensemble des communes. À Saint-Pierre-de-Colombier, où la maladie n’était pas signalée en 1904, il est constaté plus de dix ans plus tard que « beaucoup de châtaigniers dépérissent » mais la cause demeure inexpliquée. Si beaucoup de communes ne constatent pas la propagation de la maladie, d’autres sont plus lourdement touchées à l’instar de Saint-Jean-le-Centenier qui déplore en 1904 que « cette maladie existe depuis 10 ans environ », faisant périr 10 à 12 arbres chaque année. En 1920, sur les 35 000 hectares de châtaigniers cultivés sur le territoire départemental, c’est surtout le Sud du département qui est touché, dans un territoire où les plantations en terrasse empêchent toute substitution de culture. C’est alors vers l’essence de châtaignier du Japon que se dirigent les experts.

En 1935, c’est à Aubenas que se réunit le Congrès méditerranéen du châtaignier et l’exposition du marron de l’Ardèche. C’est l’occasion d’exposer de nouvelles inventions, comme celle de Marius Monnier, « inventeur-constructeur au Pont des Deux-Aygues », près de Vernon, qui vient exposer sont décortiqueur à châtaignes sèches à débit continu en promettant « une révolution [..] sans fatigue et sans poussière », et qui n’abîme pas le fruit. Le congrès est aussi l’occasion de s’interroger sur le commerce international de la châtaigne, mais aussi l’avenir de la culture et les maladies dont elle est victime.

La châtaigne n’a pourtant pas dit son dernier mot en Ardèche, puisqu’après l’obtention de l’AOC Châtaigne d’Ardèche en 2006 et de l’AOP en 2014, une entreprise de « reconquête » a été lancée conjointement par le Parc des Monts d’Ardèche, la chambre d’agriculture de l’Ardèche, l’interprofession Châtaigne et le centre régional de la propriété forestière. Le territoire du Parc compte aujourd’hui 30 000 hectares de châtaigneraies et l’Ardèche, premier département français producteur, récolte 5 000 tonnes par an, pour 1 000 emplois dans la filière châtaigne.

 

Sources :

Registre des modèles et marques de fabriques (1862-1906). Archives départementales de l’Ardèche, 6 U 702.

Châtaigneraie. – Enquête communale sur le dépérissement du châtaignier : questionnaires communaux (1918). Archives départementales de l’Ardèche, 7 M 308.

Congrès du châtaignier et exposition fruitière d’Aubenas, organisation : programme, documentation, liste des exposants, affiches (1935). Archives départementales de l’Ardèche, 7 M 350.

Site du Parc naturel régional des Monts d’Ardèche : https://www.parc-monts-ardeche.fr/les-actions-du-parc/agriculture/reconquete-de-la-chataigneraie/la-reconquete-de-la-chataigneraie/ [Consulté le 10 octobre 2022].

Rapport à la commission du châtaignier du département de l’Ardèche (28 mai 1920). Archives départementales de l’Ardèche, 7 M 308.