Il y a 50 ans disparaissait un des maitres de la gravure sur bois, Jean Chièze (1898-1975)
Né à Valence en 1898 de parents ardéchois, il fait ses études aux Beaux-Arts de Lyon. Devenu enseignant, il parcourt la France du nord au sud, de l’est à l’ouest, pour se fixer à la fin de sa carrière à Saint-Cloud, et finir sa vie à Guilherand-Granges, où il décède le 2 mai 1975.
Comme Forot l’écrit dans une biographie : « En 1917, il fait l’École des beaux-arts à Lyon, mais ce n’est qu’en 1923 qu’il ébauchera son premier bois, Mireille, sur un bout de planche de fayard. Il grave d’instinct. Il est né graveur. Mais ne croyez point qu’il soit arrivé d’un coup à ce parfait métier qu’il montre dans ses planches actuelles : Jean Chièze sait la valeur du travail et celle de la tradition1. »
L’aventure de Jean Chièze aux éditions du Pigeonnier débute à la suite d’un appel large formulé par Charles Forot auprès d’artistes, alors jeune professeur il candidate en 1927. Dans le premier courrier adressé à Forot, il écrit le 23 février : « Depuis fort longtemps je connais les jolies choses qui s’envolent du « Pigeonnier » ». Charles Forot, de son œil averti, comprend très rapidement le talent du graveur. Comme avec d’autres, il va lui prodiguer conseils et encouragements.
Jean Chièze illustre neuf des douze couvertures de l’Almanach vivarois, succédant ainsi à Jos Jullien, en plus d’une dizaine d’ouvrages, tous conservés dans les collections de la bibliothèque des Archives. Il dessine aussi costumes et décors pour le théâtre du Pigeonnier où il séjourne tous les étés entre 1925 et 1939. De nombreux bois, matrices des gravures, sont conservés aux Archives départementales de l’Ardèche, comme des dessins, ex-libris, cartes de vœux et ébauches d’illustrations pour les poteries du Pigeonnier.
Dans les archives de Charles Forot, on trouve une ébauche de biographie en 1945 (24 J 375) où il raconte Jean Chièze et son travail : « Comment il travaille – et quand ? Il est soit à ses cours, soit à Paris. Et chez lui il a souvent des amis soit à déjeuner ou dîner ou soit une visite. « C’est un métier qui me claque. Je travaille comme les poules picorent : de ci, de là. » Il fait un croquis en quelques minutes, note une idée de mise en page, une composition. Il fait ses dessins parfois entre deux cours, en attendant ses élèves, sur une table de café, sur son genou2. »
1Extrait d’un texte de Charles Forot dans la Revue suisse de l’imprimerie, n°294, août 1947. Archives départementales de l’Ardèche, 24 J 374.
2Biographie manuscrite de Jean Chièze par Charles Forot, carnet n°4 (1945). Archives départementales de l’Ardèche, 24 J 375.