Entre sport et tradition : la joute nautique

Voir toutes les images (6)

En 1896, la Société de sauvetage et de joute de La Voulte est créée. Elle a pour but « d’organiser des fêtes nautiques et de porter secours partout où le danger sera signalé, et plus particulièrement sur le Rhône, dans le parcours de la ville de Lavoulte ». Le Rhône est un fleuve dangereux, connu pour ses colères lors d’inondations meurtrières, mais aussi redoutable lors de baignades qui peuvent vite tourner au drame. Les adhérents de la Société n’hésitent pas à se jeter à l’eau pour secourir, comme le relate le livre d’or de la Société dans sa brochure de 1901 : « Le 20 juillet 1900, vers six heures du soir, plusieurs jeunes gens de 16 à 18 ans se baignaient dans le Rhône, près du pont suspendu. Le jeune Teyssonnier à bout de force déjà disparu à cet endroit très dangereux, lors Serre Marius et Bousquainaud Paul, membres actifs de la Société, se portèrent à son secours : avec un rare courage et au prix de grands efforts ils réussirent à le retirer sain et sauf. Par décret du 31 octobre 1900, paru au Journal officiel du 6 novembre, ont été décernées les récompenses suivantes : à Marius Serre, une médaille de bronze ; à Paul Bousqainaud une mention honorable. Marius Serre avait déjà reçu le ruban de Monsieur le Ministre des travaux publics, lors de son passage au Teil, le 14 octobre 1900. »

C’est dans ce contexte que des joutes mêlant sport et festivités sont organisées à La Voulte-sur-Rhône. Tout le week-end du 15 août et pendant quatre ou cinq jours, du samedi au jour de l’Assomption, se succèdent : le premier soir, une retraite aux flambeaux, le dimanche le défilé des sociétés des villes rhodaniennes au son des fanfares, de grandes joutes, mât de cocagne, course cycliste, un feu d’artifice (le soir) ; le lundi, un concours de belote et de boules, de nouveau des joutes puis on finit par un concert de la fanfare le 15 août dans l’après-midi avec un concours de boules. Un bal est donné « pendant la durée des fêtes ».

 

La joute est un sport populaire. Apparue dans l’Antiquité selon des poteries retrouvées, pratiquée dès le Moyen Âge, à la manière des tournois médiévaux. Au XIXe siècle, la pratique se répand et s’organise lors de grandes fêtes, les mariniers s’affrontent sur des barques à fond plat, propulsée par des rameurs. Les jouteurs prennent place sur la partie arrière de la barque appelée tabagnon. Le but est de faire tomber l’adversaire en piquant le neuf, l’alvéole centrale du plastron.

 

Le long des rives ardéchoises du Rhône, de Serrières au Pouzin, on joute selon deux méthodes : la givordine (de Givors) où le jouteur a son adversaire à sa droite ; et la lyonnaise où le jouteur a son adversaire à sa gauche. Le but est le même : gagner des points en force en prenant en compte la qualité technique de la passe, la position du corps, l’abaissement et la tenue de la lance. Le tout se fait au son de la musique jouée par la fanfare.

 

Les joutes nautiques méthodes givordine et lyonnaise ont été inscrites en 2012 à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel en France.