12 août 1944 : la libération de Privas, première préfecture de France libérée par la Résistance - Deuxième partie

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C’est bien le nom du commandant Calloud chef d’état-major des FFI en Ardèche qui apparait en seconde position sur le procès-verbal d’installation. Le 4 août 1944, il rencontrait à Burzet des membres du CDL de l’Ardèche qui constataient que « le chef FFI Calloud a pris en main une situation particulièrement mauvaise, à la suite de la bataille du Cheylard et par suite de rivalités plus ou moins avouées. Il a réussi à obtenir l’obéissance des chefs de secteurs et des bataillons, à améliorer les rapports entre AS et FTPF1». À partir de ce moment, l’état-major dirigé par le commandant René Calloud produit des ordres écrits pour coordonner les différentes actions de résistance. Pour obliger les troupes allemandes à quitter la ville-préfecture, il opte pour la guerre psychologique du harcèlement sur les conseils de Pierre Fournier2. Il fallait faire grandir le sentiment d’insécurité des troupes d’occupation en les isolant par l’encerclement ou par la destruction des infrastructures routières ou ferroviaires. Le 12 août, la ville de Privas est évacuée dans la matinée par les troupes allemandes. Marcel Champanhet, membre du CDL de Privas et chef de division honoraire de la préfecture est témoin de cette débâcle : « Ils entassent leur dernier matériel sur des camions non bâchés et vont tenter de rejoindre la vallée du Rhône par la route de Chomérac. […] A 14h30, les 1ers éléments du maquis entrent en ville par le cours du Temple ; […] A 16h, Privas est occupée par les FFI. Le commandant Calloud installe son PC au Café du Louvre3».

Le troisième nom apparaissant sur le document est celui du commandant Maxime, commissaire régional aux effectifs des Francs-Tireurs et Partisans français de l’Ardèche. Il s’agit d’Étienne Néron (1905-1974), membre du 1er Bureau de l’état-major FFI aux côtés de Pierre Fournier. Etienne Néron avait été arrêté en janvier 1941 à Clermont-Ferrand et condamné aux travaux forcés à perpétuité par le tribunal militaire de Clermont-Ferrand le 14 juin 1941. Il s’était évadé en compagnie de 32 militants au cours d’une opération de délivrance menée par les FTP le 26 septembre 19434. Le 12 août, c’est lui qui propose comme « chargé d’affaires préfectoral », Jacques de Sugny, dit Loyola, en l’absence de Robert Pissère (1915-2014), sous-préfet de Die, qui n’avait pas encore pu rejoindre son poste à Privas en raison des événements du maquis du Vercors. Curieusement, il manque la signature de Jean Beaussier sur le procès-verbal d’installation de Jacques de Sugny. Portant, Jean Beaussier est président du CDL et avait été désigné le 18 mai 1944, responsable départemental du Mouvement de Libération nationale (MLN), mouvement né en décembre 1943 de la fusion des MUR avec trois mouvements de résistance de zone nord. Le MLN a pour projet de créer un grand parti de la Résistance afin de fonder une « IVRépublique rénovée » tout en contenant la progression du Parti communiste.



1Entrevue du CDL avec le chef FFI en date du 4 août 1944. Archives départementales de l'Ardèche, 87 W 2.

2FOURNIER, Pierre, La bataille du Cheylard et la libération de Privas, in Résistance et libération en Ardèche, Actes du colloque de Privas en date du 18 juin 1994, p. 78.

3Souvenir de Marcel Champanhet, membre du CDL de Privas, chef de division honoraire de la préfecture de Privas en date du 2 mai 1962. Archives départementales de l’Ardèche, 87 W 2.

4Bibliographie Etienne Néron dans Maitron https://maitron.fr/spip.php?article123856.