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Le 11/05/2020 Actualités courantes

Le 17 mai 2020, le Président de la République Emmanuel Macron s’est rendu à Dizy-le-Gros, lieu de la première offensive allemande dans l’Aisne, puis à La-Ville-aux-Bois-les-Dizy, où la 4ème division cuirassée du colonel de Gaulle lança la contre-offensive, épisode peu connu de la bataille de France.

Ce déplacement a permis également de commémorer les soldats qui livrèrent des combats héroïques dans des situations inextricables en mai-juin 1940. Le Président a rendu hommage aux 58 829 tués au combat, aux 123 000 blessés et aux 2 000 000 de prisonniers qui ont livré la bataille de la France, auxquels il faut rajouter 23 000 civils morts dans des exactions, les bombardements et sur les routes de l'exode. Parce que cette bataille perdue est un épisode tragique parmi d'autres de la Seconde Guerre mondiale, elle a été reléguée au fond de nos mémoires pour être souvent oubliée.

Pourtant des Ardéchoises et des Ardéchois aux côtés de soldats eurent aussi un comportement héroïque.

Après la percée allemande dans les Ardennes en mai 1940, l’Ardèche entre dans la guerre avec les bombardements aériens visant principalement la vallée du Rhône et ses voies de communication. Les premiers morts civils sont trois enfants à Beauchastel. Les Allemands entrent dans le département le 21 juin, précédés par un flot ininterrompu de réfugiés qu'on évaluera à plus de 200 000.

Les unités de cavalerie des Spahis algériens et marocains et diverses unités d’infanterie et d’artillerie de l’armée française livrent des combats héroïques qui ralentissent la progression allemande sur la rive ardéchoise et autour d’Annonay. L’armée des Alpes met en défense la rive gauche, en faisant sauter les ponts sur le Rhône de Saint-Vallier Sarras et depuis Valence jusqu’au Teil. Si le Nord Ardèche est infiltré par les troupes d’occupation, elles ne franchiront pas le Doux à Tournon jusqu’à la signature de l’armistice.

Dès la fin des combats, les soldats tombés sont portés en terre accompagnés par une foule et les autorités pleines de ferveur patriotique.

Une brochure relatant ces faits d'armes sera éditée quelques mois après sous le plume de Gaston Grimaud, Annonay pendant la guerre de 1939-1940

 

 Spahis du 4ème régiment de spahis marocains qui ont livré combat, Archives départementales de l’Ardèche, BIB 8 BR 309.

 

Mais des civils et notamment des femmes eurent aussi une attitude courageuse sous les bombardements et les combats. En manque de renseignements sur l’avance ennemie dans le département, le colonel commandant la brigade Spahis et le préfet  en sont réduits à téléphoner aux mairies et aux bureaux de Postes, à condition que les fonctionnaires soient restés en poste.  C’est le cas de la Receveuse des Postes de Serrières et de son adjointe, Mmes Bos et Colladent. Malgré l’ordre de repli donné par le préfet le 21 juin, elles restent à leur poste aux cotés de sapeurs téléphonistes. A Andance le receveur fait de même alors que le pont est disputé par les belligérants, de même à Tournon prise sous les feux depuis Tain et Saint-Jean-de-Muzols.

A Annonay, l’important central téléphonique relié au réseau national, les téléphonistes restent également à leur poste pour assurer leur service.

Mais tout cela est vain. Le 22 juin l’armistice avec l’Allemagne est signé, ce qui n’empêche pas l’armée allemande de pousser jusqu’à Privas. Elle quitte le département le 4 juillet 1940.

Dès la fin des hostilités le 24 juin 1940, le colonel Jouffrault, commandant la 1ère brigade de Spahis, cite à l’ordre de la brigade l’assistante-receveuse du bureau PTT de Serrières, Mme Colladent, pour les services rendus au mépris du danger.

 

 Citation à l’ordre de la brigade anonymisée de Madame Colladent pour éviter des représailles, Archives départementales de l’Ardèche, 72 W 105.

 

A son tour le préfet, André Jean-Faure, par divers rapports au gouvernement en juillet 1940, signale ces comportements individuels de fonctionnaires des PTT et d'élus communaux.

Il faut dire que ces faits héroïques tranchent avec le spectacle de troupes sans armes, en débandade, d’autorités abandonnant leur poste, et des réfugies terrorisés et affamés.

C'est alors un nouveau défi pour l'Ardèche que de loger, nourrir et vêtir les réfugiés qui ont quasiment doublé la population ardéchoise.

 

     

 Lettre du préfet du 18 juillet 1940 au ministre des transmissions relatant l’attitude des fonctionnaires des PTT pendant les combats de juin 1940, Archives départementales de l’Ardèche, 72 W 105.

 

Le colonel Jouffrault soulignera dans une correspondance: "Tous les habitants firent preuve de fermeté et de courage. Ils aidèrent les Spahis de leur mieux".

Certains historiens virent là les prémices d'une première résistance populaire dans ce conflit mondial qui ne faisait que commencer.

 

Pour approfondir cet épisode de l'histoire du département, vous pouvez consulter le site du Musée de la Résistance en ligne à l'adresse suivante :

http://museedelaresistanceenligne.org/media10297-Citation-de-Mme-Colladant-assistante-receveuse-des-PTT-A