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Le 16/04/2020 Actualités courantes

 

L’album présenté ici retrace dix années d’activité pontonnière du service vicinal du département de l’Ardèche, entre 1878 et 1888, à travers vingt-sept ouvrages d’art, répartis sur vingt-huit doubles-pages. Pour chaque ouvrage, une photographie est disposée sur la page de droite tandis que sur la page de gauche une fiche technique expose ses principales caractéristiques : dénomination, localisation, nombre d’arches et leurs ouvertures, largeur entre les têtes, dates de construction, détail de la dépense, prix de revient des travaux et nature des fondations. Sont également mentionnés les noms des ingénieurs, agents-voyers d’arrondissement et conducteurs ayant suivi les travaux ainsi que le nom de l’entrepreneur qui les a réalisés.

 Couverture de l'album des principaux ouvrages d'art construits depuis 1878 (10 Fi).

 

L’album met en valeur les œuvres du service vicinal alors qu’Edmond Henry est à sa tête. Edmond Joseph Henry, né en 1832 dans le Cher, est nommé en 1878 ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées de l’Ardèche, succédant à Régnier Vigouroux. Les services des Ponts-et- Chaussées et le service vicinal étant, depuis mai 1874, réunis entre les mains de l’ingénieur en chef du département, Edmond Henry assure aussi la fonction d’agent-voyer en chef du service vicinal.

L’initiative de la commande d’un tel album, aux dimensions imposantes et quasi-monumentales (0,50 m de haut sur 0,65 m de large) revient au ministère de l’Intérieur, dont dépendait le service vicinal. L’édition est confiée à l’éditeur d’estampes et de photographies parisien Albert Hautecoeur, successeur de la maison Martinet.

Dans son rapport au Conseil général, le préfet de l’Ardèche Gilliot informe l’assemblée départementale de la volonté du ministère de l’Intérieur « d’appeler le service vicinal à figurer à l’exposition [universelle] de 1889 ». Il demande que soit constituée, entre autres, une collection regroupant « les principaux ouvrages d’art construits depuis 1878 et méritant de fixer l’attention ». Doivent également être réunis pour être présentés à Paris des cartes départementales d’arrondissements ou de cantons, des instruments ou outils inventés ou perfectionnés par le service vicinal, ainsi que les publications dues aux agents de ce service.

L’ingénieur Henry dresse la liste des ouvrages d’art proposés à l’admission à l’Exposition et conformes aux exigences du ministère. Il s’agit en effet de présenter ceux qui se signalent par leur « importance ou leurs difficultés d’exécution ». L’accent est particulièrement mis sur les « conditions exceptionnelles d’économie ou de simplicité » de leur construction. 

Dans sa séance du 10 avril 1888, le Conseil général vote une somme de 1500 francs, prélevée sur le crédit des travaux imprévus, destinée à faire photographier les ouvrages d’art retenus. Le 24 août 1888, elle vote un nouveau crédit de 1500 francs afin de reproduire les ponts de Desaignes, Saint- Fortunat et Balazuc.

 Pont de Balazuc sur l’Ardèche en construction, état d’avancement au 10 août 1884 (10 Fi).

 

Afin d’évoquer leurs dimensions, les ouvrages sont photographiés d’une distance suffisante pour les montrer dans leur intégralité et des personnages prennent la pose sur et sous le pont, telle une échelle. Ils sont positionnés dans le lit du cours d’eau, devant les piles et culées ainsi que sous les arches pour témoigner de la hauteur du pont. Aucune indication n’est donnée quant à leur identité, leur fonction. Parmi les personnages se trouvent certainement les ingénieurs et conducteurs en charge du chantier. À en juger par la présence de personnages féminins et d’enfants, la population locale est aussi mise à contribution. Peut-être l’entrepreneur est-il aussi présent ? Le pont de Balazuc tient une place particulière dans l’album. Il fait l’objet de deux doubles-pages, l’une présentant son état d’avancement au 10 août 1884 et l’autre une fois les travaux achevés quelques mois plus tard. Reliant le village à la rive droite de l’Ardèche par trois arches surbaissées de 30 m d’ouverture, il a été construit entre 1883 et 1884 par l’entrepreneur Renaudin. Il est le seul de l’album pour lequel une photographie représente les ouvriers au travail. À l’inverse, sur la photographie du pont fini, aucun figurant. Le grand ouvrage illustré publié par le ministère de l’Industrie, du commerce et des colonies sur l’Exposition universelle de 1889 souligne comme un exemple à suivre les « conditions peu dispendieuses » de sa construction, tout comme celui de Desaignes sur le Doux.

 

 Pont de Fromentières sur la Dorne, construit de 1883 à 1885 (10 Fi).

 

Établis sur vingt-trois cours d’eau différents, depuis les plus petits ruisseaux jusqu’aux rivières plus importantes comme l’Ardèche et l’Eyrieux, tous ces ouvrages illustrent la volonté de l’administration départementale de développer un réseau routier secondaire et ainsi irriguer les régions difficiles d’accès du département telles les Cévennes ou les Boutières.

Vous pouvez retrouver sur Gallica cet Album numérisé, dans une version conservée par l'Ecole nationale des Ponts-et-Chaussées : l'album sur Gallica 


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