1806 - Un nouveau saint pour la France : saint Napoléon !

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Napoléon Ier, dont le prénom est absent du calendrier religieux, convainc le Vatican de canoniser un nouveau saint dont la fête coïncide avec son anniversaire, le 15 août.
Le cardinal Caprara répond à cette demande en inventant saint Napoléon, du nom d’un martyr romain, Néopolis, qui aurait été exécuté pour avoir refusé de faire allégeance à l’empereur Maximien.
C’est ainsi que le 19 février 1806 parait dans l’Empire français un incroyable décret annonçant la création d’une nouvelle fête : la Saint-Napoléon.
Jusqu’alors fête de l’Assomption, le 15 août devient aussi la fête de la Saint-Napoléon et de la célébration du rétablissement de la religion catholique. Le choix de cette date est fort symbolique et, avec cette double association, c’est une nouvelle forme d’union entre le trône et l’autel, dans le prolongement de la signature du concordat en 1801.
Outil parmi d’autres au service de la propagande de l’Empire, l’instauration de la Saint-Napoléon est aussi destinée à ancrer dans les esprits l’image d’un homme exceptionnel, auquel un culte est rendu.
Les festivités sont régies par le décret. Sont prévues « une procession hors l’église, dans toutes les communes où l’exercice du culte est autorisé », et « prononcé avant la procession, et par un ministre du Culte, un discours en rapport avec la circonstance ». Enfin « il sera chanté, un Te Deum solennel. »
Les archives préfectorales conservent les lettres adressées au préfet par les municipalités qui rendent compte du déroulé de ces cérémonies auxquelles les autorités militaires, civiles et judiciaires sont tenues d’assister. Dans une lettre du 20 août 1809, le maire du Teil détaille la manière dont la « fête de notre auguste monarque a été célébrée » : « la municipalité accompagnée de militaires pensionnés du gouvernement, se rendit à l’église pour assister à la messe, une place distinguée avait été préparée pour ces derniers qui se rendirent également le soir à l’église pour assister aux vêpres, antedeum et à la procession ». Des festivités populaires sont organisées avec « un feu de joye (…) préparé par nos braves militaires ». Aussi « pendant la durée du feu, un détachement de la garde nationale fit plusieurs décharges de mousqueterie en signe d’allégresse auxquels les habitants répondaient par des cris unanimes de vive l’Empereur, la joie était générale ».
Et gare aux récalcitrants ! Dans une lettre du 30 décembre 1807 adressée au sous-préfet de Largentière, le maire de Vallon-Pont-d’Arc, accusé d’avoir négligé ses devoirs relativement à la fête du 15 août, se défend : « il n’y a qu’un imposteur, qu’un ennemi dangereux à la société qui ait pu former contre moi une accusation aussi révoltante » et demande qu’un commissaire soit envoyé sur les lieux pour prendre connaissance exacte de ce qui s’est passé afin que justice lui soit rendue.
Élément symbolique du règne napoléonien, la Saint-Napoléon fut fêtée de 1806 à 1813, puis abandonnée à la Restauration. Remise à l’ordre du jour par Napoléon III, la Saint-Napoléon ne sera plus célébrée officiellement par la suite, et la fête nationale ramenée au 14 juillet.