Quel avenir pour les écoles rurales en Ardèche ?

Voir toutes les images (9)

Cette monographie de 300 folios illustrée de photographies a pour titre Ecoles publiques, postes déshérités, circonscriptions de Privas et de Tournon. Son auteur est inconnu, probablement un élève-instituteur.

L’Ardèche compte en 1953, 40 postes « déshérités » dont la liste est arrêtée par l’inspection académique. Ce sont les écoles dont les bâtiments et le mobilier sont délabrés, sans matériel pédagogique, difficilement accessibles. Majoritairement ce sont des écoles isolées construites à la croisée de chemins pour desservir un habitat dispersé parfois au « milieu de nulle part ». Certaines sont aménagées dans une dépendance de ferme, mais figurent aussi des écoles de hameaux chefs-lieux comme celle de Pourchères. L’auteur les qualifie « d’écoles taudis » où les instituteurs vivant en « ermite », se succèdent chaque année, voire chaque trimestre.

 

L’étude de 1960 porte sur 32 postes, et se fait la synthèse d’un questionnaire adressé aux enseignants et de déplacements in situ avec appareil photo. Environnement de l’école et communications, bâtiment, mobilier et matériel pédagogique, effectifs et niveau intellectuel des élèves, logement de fonction, loisirs et commerces sont les thèmes abordés. L’auteur traite également pour certains postes du nord de l’Ardèche, de la concurrence avec l’enseignement catholique et de l’hostilité de certains élus communaux peu enclins à respecter leurs obligations de financement de l’enseignement public.

« Deux poids, deux mesures » tel pourrait être le sous-titre de l’étude qui compare le sort de l’élève citadin à celui de l’élève « campagnard ». Ce dernier ne connait pas le chemin goudronné, mais le sentier rocailleux, le passage à gué du ruisseau, cheminant de longues heures par tout temps à travers bois et prés. Son école n’est ni « accueillante ni avenante » comme le prévoit les textes officiels, parfois sans eau ni électricité. Les écoliers sont face à un instituteur débutant, isolé de la communauté enseignante, souvent changeant, rompant ainsi le suivi de l’enseignement.

 

« Pourquoi ces enfants, parce qu’éloignés d’un centre, recevraient-ils un enseignement de moindre qualité ? »  Tel est le constat de l’étude. Souhaitant le maintien de ces écoles, l’auteur préconise des solutions comme le transfert à l’Etat des crédits de fonctionnement de ces postes déshérités et la revalorisation du traitement des enseignants, même s’il admet que certaines fermetures sont inéluctables.

On peut voir encore dans le paysage certaines de ces anciennes écoles aujourd’hui résidences secondaires ou transformées en gîte.

 

Sources :

Archives du cabinet du préfet. Archives départementales de l’Ardèche, 158 W 324.

Annuaire des postes d’instituteurs et d’institutrices primaires publics de l’Ardèche, publié par la section ardéchoise du syndicat national des instituteurs, 1953. Archives départementales de l’Ardèche, PER 3045 1.